Cette aventure, je la partage avec une amie française rencontrée à Montréal, Lou. Cela fait deux jours que nous avons quitté le Québec. Notre but : rejoindre l’île de Vancouver, à l’autre bout du Canada. 5 000 kilomètres à parcourir en dix jours en passant par les Etats-Unis. Dans nos valises : notre vie, qui se résume à des vêtements toutes saisons confondues, des chaussures, de la paperasse, un réchaud et des trucs de filles. Dans le van : de la nourriture (principalement des nouilles et du thon), un réchaud, des équipements de camping et un matelas pour dormir, aménagé sur une structure en bois. L’appareil photo, les CDs et notre plus beau sourire pour les shériffs sont dégainés, on est prête à découvrir les Etats-Unis.
Le mois d'avril a pointé le bout de son nez, à Niagara, il fait 5°C. Les chutes du Niagara ont la particularité d’être situées sur la frontière canado-américaine. De ce fait, une partie des chutes appartient aux canadiens, l’autre aux américains. Elles sont impressionnantes et immenses, non pas pour leur hauteur, mais davantage pour leur largeur. En ce jour d’avril, il fait particulièrement sombre, le ciel est pluvieux, le vent souffle et nous transperce. Les conditions ne sont pas vraiment réunies pour les admirer dans tous leurs éclats, mais on est là, impatientes et fougueuses, au cœur de notre aventure. Rien ne peut nous arrêter.
Le passage à la frontière se fait facilement, même si on nous interpelle en nous disant : « Mesdemoiselles, vous m’expliquez que vous voulez rejoindre l’île de Vancouver, au Canada. Alors pourquoi passer par les Etats-Unis ? », « Euh, question pertinente monsieur l’agent. On veut découvrir les Etats-Unis et faire une halte au Parc National de Yellowstone (ça marche ça comme excuse, non ?) », « Ok, très bien, bonne route et attention aux ours durant votre traversée ». Le ton est donné, en route !
L’inconvénient, lorsque vous voyagez avec une voiture et que vous avez décidé de vivre dedans pendant plusieurs semaines, c’est le manque d’espace. Et encore, nous sommes des filles, donc logiquement, nous sommes sensées être un peu plus organisées. Mais ça, ce n’est qu’une théorie.
La nuit tombe, la fatigue se fait ressentir, c’est l’heure de s’arrêter pour la nuit. Pas question de payer un camping (on doit économiser nos sous), et puis de toute façon, ils sont fermés, c’est l’hiver. Un village est annoncé à dix kilomètres, « très bien, on va trouver une petite ruelle tranquille et se garer devant une maison pour la nuit». Les affaires mises en foutoir sur le matelas durant la journée passent à l’avant sur les sièges, on installe les couettes, on se désarticule pour grimper sur le matelas (qui n’est qu’à 50 cm du plafond), on s’allonge… le sommeil ne se fait pas attendre.
Le matin demeure l’un des moments favoris de la journée. S’il ne fait pas trop froid, on installe la table de camping pendant que l’eau bout, la carte routière est dépliée sur la table, prête à être ausculter avec attention. « Nous devons être sur l’île de Vancouver dans 10 jours (où nous sommes attendues), nous devrions nous fixer comme objectif un minimum de 500 kilomètres par jour ». « Où veux-tu aller ? », « On peut rouler en suivant l’ouest et s’arrêter quand on voit quelque chose d’intéressant ». Banco. Le café est servit, le pain tartiné, le jus d’orange versé, tout est prêt, une nouvelle journée peut commencer.
Les kilomètres défilent au compteur, l’immensité et la splendeur des paysages nous font oublier que nous ne sommes pas lavées depuis trois jours. Ou plutôt que nous n’avons pas eu le droit à une vraie douche. Car ce qui est génial aux Etats-Unis, ce sont les airs d’autoroute… très modernes. Le wifi est partout (pratique pour vérifier notre itinéraire), l’eau est chaude (plus qu’apprécié pour se débarbouiller quand il fait 5°c dehors) et la « salle de bain » est spacieuse. Quelques regards interrogateurs se sont parfois posés sur nous lorsque nous lavions nos cheveux à l'aide d'une bassine dans les toilettes communes…mais passons !
Ohio, Indiana, Illinois, Iowa, Dakota du sud, Wyoming, Montana… les paysages se succèdent, des plaines au désert, des montagnes enneigées aux forêts de conifères. Nos regards sont béants, notre esprit rêvassant. Incroyables panoramas qu’offrent les Etats-Unis, laissant apparaître une nature fabuleuse, sauvage et infinie. Ces terres majestueuses, on les voit souvent dans les films de Tarantino ou Clint Eastwood. Alors quand elles demeurent devant vos yeux, intactes et solennelles, vous prenez le temps de les contempler… les mots se taisent.
Retrouvez la traversée des USA en photos ici
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